Il est des albums dont on a aucune envie de parler, pour lesquels chaque mot lu ou écrit est une perte de temps. Il est des albums qui donnent envie d’attaquer personnellement les groupes, de dire au Strokes de retourner repasser leurs cravates, de demander aux Libertines d’être moins plagiaires, de proposer à Radio 4 de revoir ses gammes funky et de démontrer aux Kills qu’ils ne sont peut-être pas les tueurs prétendus. Chacun de ces groupes nous ayant pourtant offert un disque formidable (peut-être les meilleurs de ses dernières années), on ne peut se permettre de revenir sur nos marques de respect d’alors. Mais un disque comme « Elephant » balaie tout le reste et écrase la concurrence. Pour tout dire, les White stripes risquent de s’auto-éclabousser, car aujourd’hui le reste de leur discographie paraît bien terne. On se demande si on n’écoutera les albums des Yeah yeah yeahs ou Electric six à leur sortie, on se demande si on pourra encore écouter du rock’n’roll dans les deux prochaines années, si les White stripes pourront de nouveau écrire un disque. En fait, il n’y a rien à dire sur « Elephant » seulement à écouter, se laisser emporter par les rythmes souvent blues ("Ball and biscuit"), parfois funky (le fabuleux "seven nation army") ou rock'n'roll ("Hypnotize", "black math"), quelquefois folk primitif ("Well it's true that....") mais toujours outrageusement emballants. On pourrait par moment avoir l'impression d'entendre "White blood cells" mais ce n'est qu'une illusion tant les semblants de références sont immédiatement fracturés ("The air near my fingers", "There's no home for you here"). The White stripes est toujours ce duo rock’n’roll, rouge et blanc, tendu et honnête, punk et funky, sexy et ami, électrique et organique, détraqué et euphorisant ("Girl, you have no faith in medecine"). C’est surtout ce duo auteur jusqu’à « Elephant » de trois disques déjà très réussis et esthètes. C’est maintenant l’auteur d’un authentique chef d’œuvre. Gloire à eux et paix à nos âmes. |