Rescapé du début des années 90, survivant à tous les oublis, Sean O’Hagan et les High llamas poursuivent tant bien que mal leur route, faite de résistance à la facilité et à l’opportunisme, faite du désir plus ou moins avoué de transformer la musique populaire en un art majeur, sorte d’équivalent à la renaissance pour la pop. Au début des années 90, les High llamas possédaient un certain succès d’estime (« Santa barbara »), à la sortie de « Beet, maize and corn », leur existence semble voué au bon vouloir d’un label amoureux de clarté qui prit la peine de les éditer. Le résultat est somptueux. Sean O’Hagan est toujours ce songwriter hors pair, capable de pondre de véritables chef d’œuvres en quelques notes bienvenues. Dans un univers musical parfait, High Llamas serait le groupe tête d’affiche des meilleurs festivals, les maisons de disques s’arracheraient leur signature, Stéphane Bern nous parlerait de Sean O’Hagan en des termes réservés dans ce monde pitoyable à la fade Linda Lemay, et Fogiel tenterait de percer les secrets d’un auteur autrement respectable (la comparaison n’a même pas lieu d’être) que tous les mythes indécents et abjects qu’il prétend interviewer (Bardot, Delon,…). Mais le monde n’est pas parfait, il devient même dangereux pour l’intelligence, abstraction en voie de disparition, alors ne demeurent que quelques îlots de pureté, de grâce et de magie. Un de ces îlots est « Beet, maize and corn » des formidables High llamas. |