Couvrant treize ans de carrière musicalement éclectique et artistiquement irrégulière, « Join the dots … » s’écoute un peu comme la visite d’un musée d’histoire. On commence par l’archéologie, les fondations d’un son, d’une âme, d’une vision sombre et décalée de la pop et du punk. Cela se termine par une sorte de post-modernisme pop où l’on ne lésine pas sur l’utilisation des cordes, du numérique et du maquillage sonore. Au-delà de l’évolution historique, il y a aussi la place géographique d’un groupe plus apatride qu’on ne le pense. The cure va dynamiter les frontières, notamment par son influence parfois évidente , quelquefois diffuse sur des groupes aussi différents que les Rapture, Placebo ou Radiohead, pour ne parler que des plus connus. Puis il y a sa place comme petite religion, comme communauté d’admirateurs indéfectibles, The cure servant ici de référant, de racine, offrant une certaine stabilité à des adolescents en proie aux habituels et dérangeants démons intérieurs. The cure a marqué à vie beaucoup d’âme, et à l’écoute de « Join the dots … », on comprend facilement pourquoi. Et même si The cure n’est pas considéré un groupe vraiment majeur sur le plan musical, il n’en demeure pas moins un des groupes les plus importants des trente dernières années pour tous ses apports annexes. De plus, si ce coffret se révèle intéressant, c’est autant pour ses raretés, pour une certaine vision de l’évolution d’un groupe commercialement important et toujours intransigeant, que pour son livret accompagnateur, sorte de recueil de genèse, témoignage vivant d’un auteur hors du commun. |