Le duo rouge et noir est de retour pour un disque plus noir que rouge. Le sang, flux vital du rock’n’roll abrasif des White stripes a laissé place à un fluide plus épais, qui ne transporte pas d’oxygène. « Icky thump » est un album étouffant où l’électricité outrancière dérive vers une sorte de hard-rock mutant et protéiforme (l’homonyme « Icky thump »), où quelques résurrections de musiques folkloriques peuvent apparaître comme des fantômes d’une musique originelle (« Prickly thorn, but sweetly worn » ou « St Andrew (this battle is in the air) »). The white stripes ont ajouté du cambouis à leur musique, la graisse coule, dégouline, à chaque changement d’accord. Mais pourtant, là où les mêmes mots auraient qualifiés un disque pataud, indélicat, sans intérêt, mis sur un album des White stripes en font, en fait, un disque monstrueux, effrayants, qui plonge dans les tréfonds estampillés rock’n’roll pour se mettre à l’épreuve. Cela, parce qu’avec les White stripes, il n’est point question de rock’n’roll, ils sont tout simplement le rock’n’roll car seuls capables d’écrire des titres aussi bruts que « Effect and cause » ou « Rag and bone ». Et même si « Icky thump » n’est pas leur meilleur album, ils ont perdu un peu de la violence primitive de leurs débuts, il n’en demeure pas moins le grand disque d’un groupe immense. |